Le congrès mondial de la Nature est terminé : en route vers les COP !
Le congrès mondial de la nature s’est terminé samedi dernier au Palais des congrès de Marseille. Un événement très important où l’UICN rassemble des acteurs venus des quatre coins du monde pour une seule et même cause : la conservation de la nature. Ici, les cultures et les nationalités se mélangent pour débattre des actions à entreprendre : des autochtones en tenues traditionnelles échangent avec des occidentaux en "costume-cravate" pour construire un avenir meilleur.
L’UICN qu’est ce que c’est ?
L’Union International de la Conservation de la Nature rassemble des gouvernements et des organisations de la société civile. Leur rôle est de faire autorité au niveau international sur l’état de la nature, des ressources naturelles et sur les mesures à appliquer pour les conserver. Ce sont plus de 1 400 Membres, 18 000 experts qui sont actifs dans plus de 160 pays pour la préservation de nos ressources naturelles et de nos écosystèmes.
Le congrès a lieu tous les quatre ans. Entre chaque édition du congrès, le rôle des Membres est de créer des propositions (les motions) qui sont ensuite débattues et votées au congrès. Ces décisions servent de base de réflexion pour préparer les COP (La prochaine COP Climat aura lieu à Glasgow du 1 au 12 novembre 2021 et la prochaine COP biodiversité aura lieu à Kunming en avril 2022). Tous les quatre ans, ce sont des décisions qui sont prises de façon démocrative pour inviter les États à mettre en place des plans d’action pour préserver la nature.
Cette année, plusieurs motions fondamentales (qui pourraient même être qualifiées d’ historiques) ont été approuvées la semaine dernière :
Motion n°45 : Reconnaître et soutenir les droits et les rôles des peuples autochtones et des communautés locales dans la conservation.
Dans cette motion, il est reconnu que 80% de la biodiversité de la planète est conservée par les peuples autochtones et les communautés locales et que pour protéger notre biodiversité et nos écosystèmes à l’échelle mondiale, il faut laisser aujourd’hui les peuples autochtones et les communautés locales s’impliquer et les supporter.
Motion 48 : Renonciation à la doctrine de la découverte pour redécouvrir les soins pour “Mother Earth”.
Beaucoup de régimes juridiques post-coloniaux reconnaissent la “Doctrine de la Découverte” alors que ‘il est reconnu que les peuples autochtones habitent depuis longtemps sur des terres découvertes par les puissances européennes. L’objectif est de reconnaître la vérité et les témoignages de réconciliation pour construire ensemble une justice sociale et des relations pacifiques entre les peuples. (Les peuples indigènes et autochtones étant les gardiens de notre Terre Mère, il est urgent de collaborer ensemble pour sa protection et sa conservation).
Motion 67 : Réduction des impacts de l'industrie minière sur la biodiversité.
La demande de ressources naturelles des minéraux a considérablement augmenté, elle représente aujourd’hui 30% du trafic maritime et 8 à 10% de la consommation mondiale d’énergie. C’est l’industrie ayant l’un des plus gros impacts sur la nature. Dans un contexte où la réhabilitation des écosystèmes et la diminution des gaz à effet de serre sont des urgences, la réhabilitation des sites miniers doit être améliorée et rendue obligatoire. Il est reconnu que l’humanité dépend aujourd’hui de l’exploitation des ressources minérales qui engendre de graves conséquences sur l’environnement, sur les travailleurs et sur les communautés locales.
Par conséquent, l’UICN recommande de réduire la consommation de ces ressources primaires. Il est demandé aux gouvernements et aux industries de prioriser des solutions alternatives comme la réutilisation, le recyclage et la substitution des ressources minérales et à améliorer l’efficacité des techniques associées.
Motion 129 : Éviter le point de non-retour en protégeant l’Amazonie à 80% en 2025.
Des dirigeants autochtones ont réclamé que le démantèlement des politiques environnementales et/ou les violations des droits autochtones constituaient soit des crimes contre l'humanité, soit un écocide.
Les dernières recherches scientifiques ont établi que nous atteindront le point de non-retour en Amazonie à partir du moment où entre 20 et 25% de l’Amazonie est déforestée et dégradée.
En conclusion, retenons que lors de ce congrès mondial de la nature, il a été enfin reconnu aux peuples indigènes la légitimité de défendre leur propre territoire et que des moyens devaient leur revenir. Ces peuples, premières victimes de la déforestation et du dérèglement climatique, sont le plus souvent totalement démunis face à la prédation des multinationales venues sur leurs territoires pour exploiter les richesses naturelles et le bien commun. Espérons que ces décisions amènent à ces peuples des moyens pour défendre et préserver ces lieux.
Retenons également la nécessité reconnue par plus de 170 Etats de protéger 80% de l’Amazonie (cette motion a été approuvée à 100%).
Enfin, il faut souligner que la notion de réduire la demande de matières premières issues de l’économie extractive a été abordée pour la première fois de façon officielle. Diminuer les extractions minières semble aujourd’hui une utopie cependant cela deviendra inéluctable pour certaines ressources qui sont déjà en pénurie ou qui le deviendront avant 2050.
Ce congrès donne des orientations qui seront débattues de nouveau dans les COP pour que les Etats s’engagent dans les changements à entreprendre.
Dans ce mouvement de transition écologique, les entreprises ont aussi leur place, Resilience Lab vous accompagne pour rédiger votre feuille de route.